jeudi 22 décembre 2011
Paroles d'agents de sécurité
Linda, 28 ans, employée chez Securitas, CGT :
«Nous sommes contrôlés par le préfet, notre employeur et Aéroports de Paris. Leurs contrôleurs comptent le nombre de bagages que nous vérifions à l’heure. Nous devons en ouvrir 20% de manière aléatoire, qu’ils soient estimés dangereux ou non. Notre travail est sans cesse remis en question, nos superviseurs chipotent sur le moindre écart.
«Par contre, pendant la grève, des CDD qui ont eu un seul jour de formation nous remplacent. Si Al-Qaeda a l’idée d’agir aujourd’hui, ils font tout péter. Entre janvier et octobre, Securitas a licencié 111 personnes pour faute grave. Ce sont des licenciements économiques déguisés car les postes d’inspection et de filtrage vont être mutualisés. Avant, il y avait quatre palpeurs, deux femmes et deux hommes. Désormais, il n’y aura plus qu’une femme et un homme, Securitas doit se débarrasser de ce personnel excédent. Pourtant, les flux de passagers continuent à augmenter de 3% par an. Les terminaux E et F de Roissy-Charles-de-Gaulle accueillent 26 millions de passagers à l’année, c’est le plus gros marché de France.»
Rachid Bousguers, 38 ans, employé chez Brinks, CFTC
«Les aéroports font des appels d’offres et choisissent l’entreprise de sécurité la moins chère. Résultat : ce sont nos salaires et notre temps de travail qui trinquent. On parle commercial plus que sûreté. Et du côté des salariés, on est fatigués de supporter la pression. Nous devons, sur 2 000 passagers journaliers, effectuer 15% de palpations : la machine sonne même lorsqu’il n’y a rien de dangereux, juste pour que nous restions actifs. Régulièrement, on fait des tests pour évaluer notre vigilance.
«Si on les rate, on doit retourner en formation initiale. Des contrôleurs de la Direction générale de l’aviation civile tentent parfois de faire passer des armes factices. Si cela nous échappe, l’entreprise doit payer une amende, ce qui augmente la pression sur nous. Depuis que Christian Lambert est préfet du 93, 10 salariés sont suspendus, parce qu’ils figurent sur le Stic, un fichier policier où figurent les gens impliqués dans les plaintes. On sait pourtant qu’il est obsolète. Bref, notre métier n’est pas reconnu à sa juste valeur.»
Inès, 24 ans, employée chez ICTS depuis mai:
«Au bout de trois mois, les salariés sont épuisés et se mettent en arrêt maladie. Des arrêts que l’employeur n’envoie jamais directement à la Sécurité sociale pour dissuader les salariés d’en prendre. Autre économie, les nouveaux contrats sont des quatre-cinquièmes. Les jeunes viennent tous les jours pour cinq heures, cela permet d’économiser la prime panier, obligatoire à partir de six heures. Ce qui a fait déborder le vase, c’est la prime de 900 euros versée aux cadres d’ICTS, alors que les salariés ont eu droit à une collation et à du jus d’oranges.»
Jean-Marc Mondesir, 38 ans, employé chez Securitas, FO
«Ceci dit, j’ai bien ri en voyant les cravates rouges [chefs d’équipe, ndlr]et les cravates grises [superviseurs] sur le poste, car ils ne géraient rien du tout ! Pour remplacer les CDI, ils ont fait venir des Belges et des Hollandais, tous les moyens sont bons ! Je suis heureuse que cette grève ait lieu, car on y voit une vraie solidarité d’équipe.«J’ai créé le groupe Facebook ICTS Crew, où je raconte que les terminaux sont saturés, nos conditions de travail, etc. Ils se sont rendu compte que j’en étais l’auteur. 296 personnes y sont maintenant inscrites.»
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