mercredi 18 juillet 2012

« Bajo Plage », un voyage au cœur de la Seine-Saint-Denis




Bobigny, Aulnay, Nanterre... Dans le sillage de l’opération Paris Plages, qui démarre ce vendredi, plusieurs communes françaises ont adopté des dispositifs semblables. Ils accueillent
de plus en plus de familles qui ne partent pas en vacances.  Reportage à « Bajo Plage », qui accueille depuis cinq ans les habitants de Bagnolet (Seine-Saint-Denis).
« Piscine, trampoline, foot, baby- foot... il y a plein de choses ici, même des boissons, des pop-corn et des glaces ! Il manque seulement des trucs géants pour faire des galipettes », s’exclame Jacky-Lorenz-Junior du haut de ses 10 ans. Venu avec son centre aéré, il raffole de « Bajo Plage ». « Bajo », pour Bagnolet, une des nombreuses villes de Seine-Saint-Denis, qui, imitant Paris, s’est dotée de sa plage d’été.

À la sortie du métro Gallieni, il faut gravir une centaine de marches, dépasser la vue imprenable sur l’échangeur autoroutier pour trouver cette île aux enfants. Au beau milieu du parc Jean Moulin, classé « Natura 2000 » pour sa faune et sa flore protégées, « Bajo Plage » accueille trois piscines, un terrain de beach soccer, un mur d’escalade gonflable et des trampolines. Ce sont potentiellement 1 500 personnes qui peuvent chaque jour bénéficier gratuitement du décor de farniente : des parasols en fausse paille tressée, des cabines à rayures bleues et blanches, des perroquets en plastique et des amplis qui crachouillent les tubes de radio Latina. Sans oublier la buvette en forme de paillote et les transats : s’ils sont orientés correctement, ils permettent d’échapper à la vue des immenses tours de La Noue ou des Malassis, les cités qui encerclent « Bajo Plage ».

Un ramadan à Bagnolet

Car Bagnolet, c’est aussi 45 % de logements sociaux, une moitié de foyers non imposables et 17,5 % de chômage. « Bajo Plage sert évidemment à donner une ambiance de vacances aux gens qui, en temps de crise, ne peuvent pas y accéder », affirme Christine Lacour, adjointe au maire, chargée des relations publiques. Si les premiers adeptes de ce terrain de jeux sont les enfants, suivent, tout de suite après, les mamans, principales occupantes des transats. Parmi elles, Yamina, 37 ans et quatre enfants : « D’habitude, je pars au Maroc ou en Espagne, cela revient beaucoup moins cher qu’en France ! Mais cette année, le Ramadan tombe en juillet-août, alors je reste à Bagnolet. Ici, je retrouve les mères de famille du quartier pour passer le temps. »


« Nous, on reste ici tout le temps, s’exclament en chœur Baya et Yasmina, deux autres mères de famille qui habitent les cités en contrebas. Et on se détend ! Même si, jusqu’à aujourd’hui, on utilisait les parasols comme parapluies». En effet, le bleu du ciel tire sur le gris. Aux dires de Lilia et Mina, deux habituées, cela vaut mieux. « Quand il fait beau, ici, c’est bondé ! Avant, Bajo Plage était installé au stade de la Briqueterie. Même si le cadre était moins beau, il y avait plus d’espace. » Mais la ville la plus endettée de la Seine-Saint-Denis a pris la décision de vendre ce grand complexe. Du coup, la plage est maintenant au pied des immeubles. 

Elsa Sabado
Publié le 18 juillet 2012 dans La Croix

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