Dominique
Bertinotti, historienne et ancienne maire du 4e arrondissement de Paris, veut être la ministre « de toutes les familles ».
Entourée de conseillers et d’élus vêtus de costumes sombres, Do- minique Bertinotti, la nouvelle ministre de la famille, détonne. À 58 ans, son teint est relevé par une tenue noire et une écharpe d’un rose éclatant dont elle se départit rarement. Au programme ce jour-là : le siège de l’Union départementale des associations fami- liales de Seine-Saint-Denis, et deux structures associatives à Pierrefitte.
Entourée de conseillers et d’élus vêtus de costumes sombres, Do- minique Bertinotti, la nouvelle ministre de la famille, détonne. À 58 ans, son teint est relevé par une tenue noire et une écharpe d’un rose éclatant dont elle se départit rarement. Au programme ce jour-là : le siège de l’Union départementale des associations fami- liales de Seine-Saint-Denis, et deux structures associatives à Pierrefitte.
À chaque fois, la même
scène se répète : elle écoute,
interroge, aide les citoyens à
formuler leurs difficultés, puis
conclut. Dominique Bertinotti
retrouve là ses vieux réflexes
d’enseignante. Un métier
qu’elle a exercé en collège
comme professeur d’histoire-géographie dans ce département de la région parisienne,
à Dugny, puis à l’université
d’Amiens et de Paris VII. Elle
en garde les réflexes de pédagogue mais également un
petit côté donneur de leçon.
«Où sont les pères?», demande-t-elle, agacée, aux
mères de famille venues à sa
rencontre. Quand deux col-
légiennes lui parlent de leur
projet vidéo, elle leur répond
famille et inégalités homme-femme, pour clore : « Ce n’est pas
moi qui vais te dire que les filles
doivent prendre toute leur place »,
tout en le disant quand même.
C’est que Dominique Bertinotti
est très préoccupée par la place
des femmes dans la société.
Question d’expérience personnelle : en 1993, elle se présente
aux élections municipales dans
le 4e arrondissement de Paris.
« Pour prendre une veste, une
femme fera l’affaire ! », entend-
elle de la bouche d’un camarade
socialiste. « J’ai trouvé, dans le
milieu politique, un machisme
que je n’avais jamais rencontré
ni dans mon éducation ni dans
mon métier », se souvient la ministre avec indignation. Elle n’est
pas pour autant une féministe radicale : « Si je suis totalement
engagée contre les inégalités salariales, je n’ai pas de tabou. Je
ne suis pas du genre “non au mariage”, ou “famille, je vous hais”».
Elle-même mère d’un fils âgé
aujourd’hui de 30 ans, Dominique Bertinotti a l’ambition de
dépasser la contradiction historique entre socialisme et famille.
« Je dis aux adversaires du mariage homosexuel : vous m’attaquez, alors que c’est moi qui vais
promouvoir la valeur famille, s’exclame-t-elle. Aujourd’hui, les
citoyens ont besoin d’un cercle de
proximité, la famille. Il en existe
une pluralité de modèles. L’État
n’a pas à les juger, ce sont les fa-
milles qui décident, par contre,
c’est notre responsabilité d’assurer l’égalité des situations. »
C’est elle qui a été choisie pour
mener à bien l’engagement 31
de François Hollande, qu’elle
préfère appeler le « mariage pour
tous ». Si cette férue de politique
locale a hérité du portefeuille de
la famille, c’est parce qu’elle est
une proche de Ségolène Royal et
parce qu’elle fut maire du Marais, un quartier parisien où vivent
nombre d’homosexuels. Pourtant, elle se défend de tout clien-
télisme : « La République s’adresse
à tous les citoyens, quels que
soient leurs choix de religion ou
de vie... » Une réforme qui, elle le sait,
ne fait pas l’unanimité. Invitée
au congrès de l’Union nationale
des associations familiales, la
ministre a eu droit aux sifflets.
« Mais j’ai tenu. Si le débat est vif,
il fera progresser la société dans
son ensemble. »
C’est par François Mitterrand
que Dominique Bertinotti est
venue à la politique. Avant d’entrer au PS, elle a fait son doctorat
sur sa vision de la France. Il l’a
ensuite chargée de suivre pour
lui les archives présidentielles.
Son ralliement à Ségolène Royal
date de 2006. L’historienne lui
ressemble par le style comme
par la manière de s’exprimer. Et
c’est en utilisant la démocratie
participative qu’elle veut remplir
sa mission. Sur la question de la petite
enfance, elle attend la concertation avant de se lancer dans les
réformes : « L’État “stratège” dont
parle François Hollande ne doit
pas se substituer aux associations,
affirme-t-elle lors de chaque
rencontre. Son rôle consiste à
mieux coordonner les initiatives
locales qui existent déjà, et à simplifier la vie aux citoyens qui se
perdent dans le dédale administratif, afin de garantir l’égalité
territoriale. »
Elsa Sabado
Publié le 24 juillet 2012 dans La Croix
Elsa Sabado
Publié le 24 juillet 2012 dans La Croix
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